Bien évaluer la valeur, une démarche essentielle

Bien évaluer la valeur, une démarche essentielle

Interview paperjam.lu du 28.06.2022

Nous traversons depuis quelques années des temps troublés. La crise du Covid, puis le conflit ukrainien, ont eu un impact majeur sur l’économie globale, conduisant à une inflation galopante. Dans ce contexte marqué par l’incertitude, comment les investisseurs peuvent-ils évaluer la juste valeur d’un investissement alternatif ? Pour le savoir, il faut déjà s’entendre sur le cadre de référence utilisé pour évaluer ce type d’actifs.

Au Luxembourg, on recourt le plus souvent aux lignes directrices de l’IPEV, l’International Private Equity and Venture Capital Valuation, explique Edoardo Ancora, Partner – Corporate Finance au sein de BDO Luxembourg et actif depuis plus de 20 ans dans l’évaluation d’actifs alternatifs. « En private equity, on peut définir la valeur d’une entreprise en s’attachant à son business plan et à sa capacité à générer des liquidités, ou bien en comparant ses fondamentaux opérationnels avec ses concurrents (Chiffre d’Affaires, EBITDA). À mon sens, ces deux méthodes sont les plus fiables et efficaces lorsqu’on parle de private equity. »

 

En pleine tempête

Avec une hausse considérable du prix de l’énergie, les difficultés d’approvisionnement, les sanctions contre la Russie et ses alliés, la politique « zéro Covid » de la Chine, ou encore la hausse des taux d’intérêt décidée par les différentes banques centrales (FED, BCE, etc.), les entreprises et le marché dans son ensemble sont considérablement affectés.

« Compte tenu de la situation actuelle, on ne peut pas se fier à un business plan établi il y a trois ou cinq ans, poursuit le Partner de BDO Luxembourg. Il est donc essentiel de réévaluer son adéquation à la réalité, sa fiabilité, quitte à le faire examiner par un acteur extérieur. L’inflation doit évidemment être prise en compte dans ce business plan, tout comme les obstacles que pourrait rencontrer l’entreprise pour opérer dans certaines régions, comme la Russie par exemple. »

Au cœur de cette tempête que traversent les entreprises, il faut également prendre en compte les risques de liquidité à court et moyen terme : trouver un repreneur n’est pas une histoire de jours, et nécessite une contrepartie ayant la capacité de mettre le prix. Cette quête est d’autant plus complexe lorsque l’incertitude règne.

Des données à jour sur le marché

L’incertitude qui caractérise la période actuelle touche évidemment le marché dans son ensemble. Valoriser correctement un investissement en private equity demande donc, également, de comprendre les tenants et les aboutissants de son environnement.

En détail, à ce jour, le marché du capital-investissement et du capital-risque est représenté par (source: CSSF chiffres mai 2022):

Illustration Maison Moderne

« Pour y parvenir, les données concernant le marché doivent être parfaitement à jour. Il faut en effet pouvoir comparer des entreprises qui sont comparables. Une société qui traverse de grosses difficultés ne sera, par exemple, pas un bon point de comparaison », précise Edoardo Ancora. Le calcul des multiples d’investissement doit aussi prendre en compte cette situation incertaine et les risques liés. Les données financières auxquels ces multiples s’appliquent doivent ainsi être évalués au regard des attentes des différents acteurs du marché. »

Exercice complexe, l’évaluation de la valeur d’un actif alternatif est toutefois plus essentiel que jamais en cette période incertaine. « Il faut prendre le temps nécessaire pour la réaliser correctement, et ne pas hésiter à la revoir régulièrement en veillant à bien comprendre le marché. Dans ce contexte, BDO se positionne comme un partenaire de choix pour les investisseurs, notamment institutionnels », conclut Edoardo Ancora..